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Vous avez toujours voulu rejoindre cette entreprise ou être promu à ce poste sans jamais vraiment y croire. Mais un jour, poussé par un excès de confiance, vous avez quand même tenté votre chance. Après tout, qui ne tente rien n’a rien ! Et lorsque vous avez finalement appris que vous aviez été choisi, vous avez sauté au plafond. Enfin ça c’était avant que le doute ne se pointe : et si vous n’étiez pas à la hauteur de vos nouvelles missions ? Alors que la date de votre prise de poste approche, comment gérer cette crainte qui vous grignote de l’intérieur ?

Plus les jours se rapprochent de votre prise de poste, plus votre palpitant s’emballe. Entre nous, vous avez l’impression d’avoir été surestimé lors du processus de recrutement ? Petit guide pour arrêter de s’auto-flageller en silence en pensant que vous avez usurpé votre poste.

« Il n’y a rien de plus normal que de se remettre en question avant une prise de poste… »​

Douter de soi avant d’entamer un nouveau projet professionnel est une réaction naturelle, voire primitive. De fait, cela a pour fonction pour les hommes de nous aider à nous auto-évaluer à l’avance, comme mesure de sécurité, pour nous assurer de notre intégration dans le groupe. C’est ce qu’explique Cécile Pichon, psychologue spécialisée dans le coaching professionnel. « À la question “Suis-je à la hauteur?”, nous allons avoir tendance à répondre négativement afin d’anticiper le danger et se protéger, souligne-t-elle. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, douter de soi est très sain. » Cette peur de ne pas être à la hauteur est une réponse adaptative qui fournit une dose d’énergie supplémentaire au corps. Sa fonction ? Étendre les facultés d’attention, de concentration, d’observation, de mémorisation, des qualités primordiales pour s’ajuster efficacement à un nouvel environnement de travail. « Il ne faut pas s’inquiéter d’être inquiet, assure l’experte. Au contraire, la personne qui ne doute jamais d’elle-même et qui ne se remet jamais en question, risque de se mettre vraiment en danger. »

Intégrer une nouvelle entreprise, découvrir de nouvelles missions, s’intégrer à une équipe, c’est se mettre à l’épreuve : vos peurs et vos angoisses sont donc légitimes. Sans doute vous sentirez-vous moins seul·e en apprenant que 70% de la population a déjà douté au moins une fois de la légitimité de sa position. Ou en lisant cette citation caractéristique du syndrome de l’imposteur : « L’estime exagérée dans laquelle on tient mon travail me met parfois très mal à l’aise. Il me semble quelquefois être un escroc malgré moi. » Son auteur, un dénommé Albert Einstein, est pourtant rarement accusé de ne pas être à la hauteur de sa réputation. Prenez un peu de distance : si même l’un des plus grands scientifiques de l’histoire a eu le sentiment d’être un imposteur, c’est bien que ce sentiment auto-entretenu d’incompétence et d’illégitimité lié à la valeur que l’on perçoit de soi-même affecte y compris les plus compétents. En un mot, pas de panique !

Si le sentiment de ne pas être à la hauteur part généralement d’un besoin très sain de se remettre en question, ce doute devrait seulement être transitoire. Car à un stade aigu, l’angoisse et le sentiment d’illégitimité peuvent parfois devenir handicapants. Cécile Pichon invite donc chacun à se poser cette question : mon syndrome de l’imposteur est-il excessif ou non ? « C’est comme le trac avant de monter sur scène, explique-t-elle. Si je l’ai, rien d’anormal puisque même les plus grands comédiens l’ont. En revanche, lorsque le trac est si important qu’il me donne de grosses crampes d’estomac et m’empêche de réaliser ma performance, peut-être qu’il me dessert. »

Son stress et ses insécurités, Benjamin a voulu les compenser par un surplus de travail lors de sa prise de poste comme chargé de communication digitale chez un producteur de spectacles de musique classique. « Mon stress s’est d’autant plus manifesté que cette opportunité arrivait juste après une mauvaise expérience professionnelle qui m’a valu de perdre toute confiance en moi sur le marché de l’emploi, rembobine-t-il. Lorsque j’ai obtenu – à ma grande surprise – cette occasion de rebondir, je me suis dit qu’il fallait que je redouble d’efforts et que je sois un expert le plus tôt possible pour endiguer tous les scénarios catastrophes. » Avant même de poser un pied dans l’entreprise, la playlist Spotify de Benjamin sonne les airs de Casse-Noisette et du Lac des Cygnes. Beethoven, Tchaïkovski, Debussy, Bach… Il a révisé ses classiques et s’est mis une pression énorme. Une réaction de stress et de surmenage qu’il attribue rétrospectivement à un manque de confiance sur lequel il a travaillé après s’être rendu compte que son attitude lui avait porté préjudice. « Les personnes avec lesquelles je travaillais tiraient avantage et abusaient de mes insécurités et de mon surinvestissement. J’étais un peu la bonne poire », explique-il.

Afin que vos insécurités ne se muent pas en auto-sabotage, Cécile Pichon livre ses conseils pour vous aider à mieux gérer votre appréhension.

Comment appréhender sa prise de poste avec plus de sérénité ?

1. N’oubliez pas que le recruteur ne vous a pas choisi par hasard

Avant de débuter un nouveau poste, on peut avoir l’impression d’avoir été surestimé durant le processus de recrutement : vous êtes une erreur de casting, un simple bourricot, là où notre recruteur a cru voir un cheval de course. Rassurez-vous, si vous avez été honnête en entretien d’embauche, il n’y a aucune raison pour que les recruteurs aient mal interprété les compétences de leur nouveau petit poulain. « La plupart du temps, les recruteurs savent très bien à quoi s’attendre, comme le fait que vous n’avez pas réponse à tout. Ils connaissent votre parcours, vos expériences et misent avant tout sur votre potentiel, assure Cécile Pichon, également consultante RH. La plupart des emplois qui existent ne se maîtrisent pas avant d’avoir commencé. Que vous soyez novice ou non, une grande partie du recrutement mise sur le fait que le candidat a les capacités nécessaires pour s’adapter et monter en compétences. Ayez donc confiance en la capacité du recruteur à déceler en vous le potentiel dont il a besoin. »

2. Replongez-vous dans l’état d’esprit dans lequel vous étiez la dernière fois que vous avez commencé un nouveau poste

S’il ne s’agit pas de votre première expérience professionnelle, il est probable que vous ayez déjà composé avec le fait d’être débutant et de gérer l’anxiété, le doute, la comparaison, la pression d’adaptation… Ce que conseille Cécile Pichon, c’est de vous remettre dans l’état d’esprit dans lequel vous étiez lorsque vous vous êtes trouvé dans une situation semblable et de vous souvenir comment cette expérience s’est déroulée. « Servez-vous de cette première épreuve en tant que novice pour vous convaincre que vous avez déjà été capable de vous en sortir par le passé, avec à la clé de nouveaux apprentissages qui vous seront précieux pour votre nouvelle expérience. »

 

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