Découvrez 10 exemples de biais cognitifs dont il faut se méfier !
Les biais cognitifs sont des schémas de pensée qui causent des déviations systématiques de la logique ou de la rationalité dans les jugements et les décisions. Ces biais sont le résultat de mécanismes de traitement de l’information de notre cerveau et peuvent affecter significativement notre comportement et nos perceptions. Dans cet article, nous explorerons plusieurs types de biais cognitifs, en soulignant leurs implications et en citant des références scientifiques pertinentes. Prendre conscience de vos biais cognitifs peut vous aider à améliorer la qualité de vos décisions.
1. Biais de confirmation
Le biais de confirmation se réfère à la tendance à favoriser, rechercher, interpréter et mémoriser les informations de manière à confirmer nos croyances ou hypothèses préexistantes.
Par exemple, on sait que sur les réseaux sociaux, les individus ont tendance à suivre et à interagir avec des personnes ou des sources d’information qui renforcent leurs opinions. Des personnes qui pensent que le gouvernement a menti sur le Covid-19 auront ainsi tendance à regarder plus de vidéos qui vont dans ce sens que de vidéos qui démontrent que le gouvernement a dit la vérité.
Référence scientifique : Nickerson, R. S. (1998) a exploré ce phénomène dans Confirmation bias: A ubiquitous phenomenon in many guises publié dans Review of General Psychology.
2. Effet Dunning-Kruger
L’effet Dunning-Kruger décrit comment les personnes ayant peu de compétences dans un domaine ont tendance à surestimer leurs propres compétences. Par exemple, un débutant au jeu d’échecs peut surestimer sa compétence au jeu, ignorant l’étendue réelle de la compétence requise pour exceller. Dans une entreprise, un junior peut également surestimer ses propres compétences dans son domaine d’activité.
Cet effet n’existe pas seulement chez les débutants et peut également être observé chez les personnes qui changent de poste ou d’entreprise et donc de contexte. Elles ont tendance à systématiquement surévaluer leurs capacités à réussir dans un contexte différent.
Référence scientifique : cette observation a été documentée par Kruger et Dunning (1999) dans leur étude Unskilled and unaware of it : How difficulties in recognizing one’s own incompetence lead to inflated self-assessments publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology.
3. Biais de disponibilité
Le biais de disponibilité est la tendance à surestimer la probabilité d’événements en se basant sur leur disponibilité dans notre mémoire. Par exemple, après avoir entendu parler de plusieurs accidents d’avion, une personne peut surestimer le risque d’avoir un accident d’avion, malgré les statistiques montrant que c’est l’un des modes de transport les plus sûrs.
Il se passe la même chose pour les personnes qui lisent régulièrement les faits divers sur des agressions physiques. Elles peuvent de fait surestimer la probabilité de se faire elles-mêmes agresser, non à cause de risques réels, mais à cause de risques perçus liés à la lecture des faits divers.
Référence scientifique : Tversky et Kahneman (1973) ont étudié ce biais dans Availability: A heuristic for judging frequency and probability dans Cognitive Psychology.
4. Effet de faux consensus
Cet effet désigne la tendance à croire que nos croyances, valeurs et habitudes sont plus répandues et normales qu’elles ne le sont en réalité. Par exemple, si vous êtes végétarien, vous pourriez surestimer le nombre de végétariens dans la population générale. La même chose peut se passer pour de nombreux sujets de nature politique, économique ou sociale. Parce que nous pensons quelque chose, nous pensons qu’un nombre important de personnes partagent le même avis. Cela peut parfois être vrai, mais cela peut aussi être faux. Dans ce cas, la seule manière est de consulter des données statistiques.
Référence scientifique : Ross, Greene, et House (1977) ont exploré ce phénomène dans The “false consensus effect”: An egocentric bias in social perception and attribution processes dans le Journal of Experimental Social Psychology.
5. Biais de survie
Le biais de survie implique de se concentrer sur les personnes ou les choses qui ont survécu à un processus, en ignorant celles qui ont échoué ou disparu. Par exemple, en analysant les entreprises qui ont réussi dans leur domaine sans considérer celles qui ont échoué, on pourrait tirer des conclusions erronées sur les facteurs de succès en affaires. On pourrait aussi omettre les effets de contexte liés au fait que les entreprises ont réussi ou échoué dans un contexte donné, qui peut également être différent. Peut-être que certaines entreprises qui ont échoué pourraient réussir dans le contexte actuel…
Référence scientifique : Taleb (2007) aborde ce biais dans son livre The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable.
6. Effet d’ancrage
L’effet d’ancrage se réfère à la tendance à s’appuyer trop fortement sur la première information (l’« ancre ») reçue sur un sujet lors de la prise de décisions ultérieures. Par exemple, en négociation, la première offre établit un point de référence psychologique qui peut influencer fortement toutes les offres suivantes. Lorsque vous démarrez une négociation pour l’achat d’un bien immobilier, il faut donc faire attention au montant de l’offre qui sera communiqué au départ.
Référence scientifique : Tversky, A., & Kahneman, D. (1974). Judgment under Uncertainty: Heuristics and Biases dans Science.
7. Biais de rétrospective
Le biais de rétrospective implique une tendance à croire, après qu’un événement s’est produit, que nous aurions pu ou dû prévoir l’événement à l’avance. Par exemple, après un événement surprenant comme une crise financière, les gens pensent souvent qu’ils auraient pu le voir venir. Ils vont même se rappeler certains signes, qui les avaient alertés que cet évènement allait se produire.
Référence scientifique : Fischhoff, B. (1975). Hindsight ≠ foresight: The effect of outcome knowledge on judgment under uncertainty. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance.
8. Biais d’autocomplaisance
Ce biais est la tendance à attribuer nos succès à nos propres qualités et nos échecs à des facteurs externes. Par exemple, un étudiant pourrait attribuer sa réussite à un examen à son intelligence, mais blâmer le professeur pour une mauvaise note. Ce biais d’autocomplaisance nous empêche d’analyser factuellement les causes de nos succès et de nos échecs et d’en tirer des leçons pour construire nos réussites futures.
Référence scientifique : Miller, D.T., & Ross, M. (1975). Self-serving biases in the attribution of causality: Fact or fiction?. Psychological Bulletin.
9. Biais de groupe
Le biais de groupe fait référence à la tendance des membres d’un groupe à s’aligner sur l’opinion dominante au sein du groupe, souvent au détriment de la prise de décision rationnelle. Par exemple, dans les réunions d’entreprise, les employés peuvent convenir d’une décision non optimale pour maintenir l’harmonie du groupe. C’est ce qu’on appelle aussi le conformisme. Se ranger à l’avis de la majorité n’est donc pas toujours une bonne décision.
Référence Scientifique : Janis, I.L. (1972). Victims of Groupthink: A psychological study of foreign-policy decisions and fiascoes. Houghton Mifflin.
10. Effet de cadre
L’effet de cadre est la tendance à réagir différemment selon la manière dont une situation ou une information est présentée. Par exemple, les consommateurs sont plus susceptibles d’acheter de la viande étiquetée « 95% sans matières grasses » que « 5% de matières grasses », bien que les deux étiquettes désignent le même produit et la même quantité de matières grasses à l’intérieur.
Conclusion
La reconnaissance et la compréhension des biais cognitifs sont essentielles pour une pensée critique et une prise de décision éclairée. En étant conscients de ces distorsions de pensée, nous pouvons mieux évaluer nos propres croyances et décisions, et nous ouvrir à des perspectives plus objectives et nuancées. Cette connaissance peut être très utile pour toutes les prises de décision, notamment quand elles impactent une organisation comme dans le management ou la direction d’entreprise.